Voilier moderne avec gréement fractionné 7/8 en pleine navigation, mettant en valeur le mât et les voiles dans un contexte maritime dynamique
Publié le 12 juin 2025

Le gréement fractionné transforme votre mât d’un simple poteau statique en un outil de réglage dynamique, vous donnant un contrôle direct sur la puissance de votre grand-voile.

  • Le pataras n’est pas un simple câble de soutien, mais la commande principale pour cintrer le mât et aplatir la grand-voile dans la brise.
  • Maîtriser son réglage de base est la clé pour obtenir une performance constante et symétrique sur les deux amures.

Recommandation : Arrêtez de considérer votre gréement comme un réglage fixe. Pensez-y comme au moteur de votre voilier, que vous pouvez ajuster en permanence pour optimiser votre vitesse et votre confort en navigation.

De nombreux navigateurs, propriétaires de voiliers modernes, naviguent avec un gréement fractionné sans en exploiter le plein potentiel. Ils le traitent comme un gréement en tête classique, se contentant de hisser les voiles et de border les écoutes. Ils sentent bien que le bateau pourrait être plus performant, moins ardent dans la brise, plus agréable à la barre, mais ils attribuent ces défauts à un mauvais réglage de voiles ou à la carène. Ils passent ainsi à côté de l’essence même de cette architecture : la capacité de modeler activement la forme de la grand-voile grâce à la flexibilité contrôlée du mât.

La croyance commune oppose simplement le gréement en tête, robuste et simple pour la croisière, au gréement fractionné, complexe et destiné à la régate. Mais si la véritable clé n’était pas dans cette opposition, mais plutôt dans la compréhension de la philosophie qui se cache derrière ? Le gréement fractionné n’est pas juste une question de point d’ancrage de l’étai ; c’est une invitation à interagir avec le moteur principal du bateau. C’est un système intégré où le mât, le pataras et la grand-voile dialoguent en permanence. Comprendre ce dialogue, c’est se donner les moyens de transformer un voilier potentiellement ardent et déséquilibré en une machine précise, douce et puissante.

Cet article va vous guider au-delà des réglages de base. Nous allons explorer comment chaque élément du gréement fractionné interagit pour vous donner le contrôle, comment diagnostiquer les conflits entre votre mât et votre voilure, et finalement, comment harmoniser l’ensemble pour libérer toute la puissance de votre voilier.

Pour ceux qui préfèrent une introduction visuelle aux concepts de base, la vidéo suivante offre un excellent résumé des différents types de gréements et de leurs composants. Elle constitue une base parfaite avant de plonger dans les subtilités du réglage fin que nous aborderons.

Pour naviguer à travers les concepts clés de l’optimisation de votre gréement, voici le plan que nous allons suivre. Chaque section s’appuie sur la précédente pour construire une compréhension complète et approfondie du système qui propulse votre voilier.

Gréement en tête ou fractionné : le duel architectural qui définit le caractère de votre voilier

Le choix entre un gréement en tête et un gréement fractionné n’est pas anodin ; il façonne en profondeur le comportement, la réactivité et le potentiel de performance d’un voilier. Dans un gréement en tête, l’étai (le câble avant qui soutient le mât) est fixé tout en haut du mât. Cette configuration crée un triangle avant maximal, idéal pour de grands génois, et offre une grande robustesse. Le mât est principalement maintenu par les haubans et reste relativement droit, agissant comme une simple colonne de soutien. C’est l’architecture de la simplicité et de la puissance brute, souvent privilégiée sur les voiliers de croisière pure.

Le gréement fractionné, lui, adopte une philosophie radicalement différente. L’étai est fixé plus bas, typiquement aux 7/8e ou 9/10e de la hauteur du mât. Cette simple modification change tout. Le mât n’est plus un simple poteau rigide ; il devient une colonne vertébrale flexible et dynamique. Comme le souligne Claude Charbonnier du Comité Technique IRC, le caractère fractionné est un élément clé qui « influence la capacité de réglage dynamique et la performance du voilier ».

Comparaison visuelle entre gréement en tête et gréement fractionné sur deux voiliers, montrant les différences d'attaches et mât flexible

Cette architecture est devenue la norme en régate, où la capacité à modifier la forme des voiles en fonction des conditions est primordiale. En effet, une source spécialisée indique que le gréement 7/8, où l’étai est fixé à 87,5% de la hauteur totale du mât, est le choix privilégié pour la compétition. En permettant au mât de se cintrer vers l’avant dans sa partie haute, le gréement fractionné offre un contrôle direct sur le profil de la grand-voile, la transformant en un véritable outil de propulsion adaptable. C’est ce potentiel de réglage qui donne au marin le pouvoir d’optimiser en permanence son moteur.

Le caractère fractionné ou pas, la présence de bastaques, le matériau du mât sont pris en compte dans le facteur de gréement, ce qui influence la capacité de réglage dynamique et la performance du voilier.

– Claude Charbonnier, Comité Technique IRC, Facteur de gréement – YCF Club

Le pataras : la pédale d’accélérateur secrète de votre voilier

Sur un voilier doté d’un gréement fractionné, le pataras transcende sa fonction de simple câble de soutien. Il devient la commande la plus importante et la plus utilisée pour réguler la puissance du bateau. C’est la véritable pédale d’accélérateur : en le tendant, on ne fait pas que raidir l’étai, on initie une chaîne de réactions qui modèle l’ensemble de la voilure. Tendre le pataras tire la tête de mât vers l’arrière. Puisque l’étai est fixé plus bas, cette tension induit un cintre, une courbure contrôlée, dans la partie supérieure du mât.

Ce cintrage a deux effets majeurs et simultanés. Premièrement, il augmente la distance entre le guindant et la chute de la grand-voile, ce qui a pour effet d’aplatir son profil. Une voile plus plate génère moins de puissance et moins de gîte, ce qui est crucial pour garder le contrôle lorsque le vent monte. Deuxièmement, la tension sur le pataras se transmet à l’étai, le raidissant. Un étai droit permet au génois de conserver un bord d’attaque fin et efficace, améliorant considérablement la capacité du bateau à remonter au vent.

Voilier en navigation avec focus sur le pataras et son système de réglage hydraulique et palan textile

Comme le confirme l’expérience d’un navigateur, le pataras réglable est essentiel pour « corriger la déformation de l’étai sous la pression du génois en brise, améliorant ainsi la remontée au vent ». Pour permettre des ajustements fins et rapides, les voiliers sont équipés de systèmes de palans puissants. Selon un rapport technique, il n’est pas rare de trouver un système de palan de réduction jusqu’à 32:1, qui démultiplie la force appliquée et facilite un réglage précis même en pleine navigation. Maîtriser cet outil, c’est se donner le pouvoir de doser la puissance de son voilier à tout instant.

Le pataras réglable permet de corriger la déformation de l’étai sous la pression du génois en brise, améliorant ainsi la remontée au vent et la performance du voilier.

– Expérience d’un utilisateur, Forum Oceanis Voiliers

Le réglage de base de votre mât fractionné : le secret d’une performance constante

Avant de jouer avec le réglage dynamique du pataras en navigation, il est impératif d’établir un réglage de base neutre et fiable au port. Ce réglage « statique » est le fondement sur lequel reposeront toutes vos optimisations futures. Un mât mal réglé à la base ne pourra jamais offrir son plein potentiel, peu importe la finesse de vos ajustements en mer. L’objectif est d’obtenir un mât parfaitement droit latéralement et avec une légère courbure pré-réglée (le pré-cintre) vers l’arrière, qui sera ensuite contrôlée par le pataras.

La première étape consiste à centrer le mât dans le bateau. Pour cela, utilisez la drisse de grand-voile comme un mètre ruban. Accrochez-y un décamètre et mesurez la distance entre la sortie de la drisse en tête de mât et un point de référence symétrique sur le pont, comme les cadènes de haubans. Répétez l’opération de chaque côté. Les deux mesures doivent être identiques. Si ce n’est pas le cas, ajustez les galhaubans (les haubans supérieurs) jusqu’à obtenir une symétrie parfaite.

Ensuite, il faut régler la tension des bas-haubans et des intermédiaires (si présents). Une bonne pratique est de les mettre sous tension de manière à ce que le mât reste parfaitement droit lorsque vous tendez le pataras à la main au port. Un mât qui se cintre de manière inversée (vers l’avant) ou qui « serpente » latéralement sous tension est le signe d’un mauvais équilibre. La tension des bas-haubans contrôle la partie basse du mât, tandis que les galhaubans contrôlent la partie haute. Ce n’est qu’en trouvant le bon équilibre entre eux que le mât se cintrera de manière harmonieuse et contrôlée sous l’effet du pataras.

Enfin, la quête du mât (son inclinaison vers l’arrière) est un paramètre essentiel qui influence l’équilibre sous voiles. Une quête plus prononcée a tendance à rendre le bateau plus ardent. Ce réglage se fait en ajustant la longueur de l’étai. Un bon point de départ pour un croiseur rapide est d’avoir le point d’amure du génois à l’aplomb de la fixation de l’étai sur le pont. Ce réglage de base, une fois validé, doit être considéré comme votre « zéro ». Il vous assurera une base saine et reproductible pour toutes vos navigations.

Comment le gréement fractionné a rendu les manœuvres plus simples et plus sûres

Si le gréement fractionné est souvent perçu comme plus complexe à régler, il présente un avantage paradoxal majeur : il simplifie et sécurise considérablement les manœuvres courantes, notamment la réduction de voilure. Cet avantage découle directement de sa géométrie. Puisque le triangle avant est plus petit, la surface du génois ou du foc est intrinsèquement réduite par rapport à un gréement en tête sur un bateau de même taille. Un génois plus petit est plus facile et plus rapide à enrouler lorsque le vent monte, et il demande moins d’effort sur les winches pour être bordé.

Cette réduction de la surface du génois est compensée par une grand-voile plus grande et plus puissante. Or, la grand-voile est bien plus facile à gérer pour réduire la toile. La prise de ris est une manœuvre standardisée, rapide et sûre, qui s’effectue la plupart du temps depuis le cockpit sur les voiliers modernes. Le gréement fractionné place donc l’essentiel de la puissance sur la voile la plus facile à contrôler. Quand le vent forcit, la première action n’est plus de lutter pour enrouler un immense génois, mais de prendre un ris dans la grand-voile, une opération bien plus maîtrisée.

De plus, la capacité à cintrer le mât avec le pataras offre un moyen supplémentaire de « déventer » la grand-voile sans même prendre un ris. En aplatissant le profil, on réduit la puissance de manière significative, ce qui peut suffire à passer une survente sans avoir à modifier la surface de voilure. Cela rend le bateau moins brutal, plus tolérant et donne plus de temps à l’équipage pour réagir. Cette souplesse est un gage de sécurité et de confort, en particulier en équipage réduit.

Le virement de bord est également facilité. Un foc de plus petite taille passe d’un bord à l’autre avec moins de risque de se coincer dans les haubans ou de fouetter violemment. L’effort demandé à l’équipier est moindre, les vitesses de passage de l’écoute sont plus faibles, et la manœuvre devient globalement plus fluide et moins physique. En somme, la complexité des réglages fins se traduit par une plus grande simplicité d’utilisation au quotidien.

La corne de la puissance : comment les nouvelles grand-voiles exploitent le potentiel du gréement fractionné

L’évolution des plans de voilure modernes, notamment l’apparition des grand-voiles à corne (ou « square-top »), est intimement liée au potentiel offert par le gréement fractionné. Cette synergie architecturale a permis de repousser les limites de la performance, en particulier aux allures portantes. Une grand-voile traditionnelle a une forme triangulaire, limitée en haut par le point de fixation de la drisse. Le gréement fractionné, en libérant la tête de mât de la contrainte de l’étai, a ouvert la voie à une nouvelle géométrie.

La corne est cette partie supplémentaire de la voile qui s’étend au-delà de la ligne droite entre la tête de mât et le bout de la bôme. Elle ajoute une surface de voile significative dans la zone la plus haute et la mieux exposée au vent, là où il est le plus fort et le plus stable. Cet ajout de surface se traduit par un gain de puissance considérable, sans pour autant allonger la bôme ni rehausser le centre de gravité de manière excessive. C’est un moyen très efficace d’augmenter le « moteur » du bateau.

Cependant, cette surface additionnelle doit être contrôlée. C’est là que le gréement fractionné joue tout son rôle. La flexibilité de la tête de mât permet à la corne de « twister » ou de s’ouvrir dans les surventes. Lorsque le vent forcit, la partie supérieure du mât fléchit légèrement sous le vent, et le pataras, en cintrant le mât, aide à contrôler cette ouverture. Ce twist automatique agit comme une soupape de sécurité : il évacue l’excès de puissance en altitude, réduisant la gîte et l’effort sur la barre, tout en conservant une propulsion efficace dans la partie basse de la voile. Sans un mât capable de cette flexibilité, une grand-voile à corne rendrait le bateau incontrôlable.

Cette combinaison d’une grand-voile puissante et d’un mât flexible et réglable est au cœur de la performance des voiliers de course-croisière actuels. Elle permet d’avoir une voilure généreuse et performante dans le petit temps, tout en conservant un contrôle total lorsque la brise s’établit, simplement en jouant sur les réglages dynamiques du gréement.

Votre mât est-il vraiment droit ? Le guide du réglage de gréement pour une performance symétrique

Une performance symétrique est le signe d’un voilier bien réglé. Si votre bateau se comporte différemment au près sur bâbord et sur tribord – s’il est plus performant sur une amure que sur l’autre – il y a de fortes chances que votre mât ne soit pas parfaitement droit latéralement. Un mât qui penche, même légèrement, d’un côté ou qui présente une courbure latérale (un « S ») modifiera le profil de la grand-voile différemment selon l’amure, créant un déséquilibre de performance. Vérifier et corriger la rectitude latérale de votre mât est donc une étape fondamentale.

Le meilleur moyen de juger de la rectitude de votre mât est de l’observer directement. Par une journée calme, placez-vous au pied du mât et visez vers le haut le long de la ralingue (la gorge dans laquelle coulisse la grand-voile). Votre œil est un outil d’une précision surprenante pour détecter la moindre courbure. Le mât doit apparaître comme une ligne parfaitement droite. Si vous voyez une courbe vers la gauche ou la droite, il faut intervenir sur les haubans intermédiaires ou les bas-haubans pour la corriger.

Une autre technique consiste à naviguer au moteur sur un plan d’eau plat et sans vent. En avançant, le vent apparent créé suffira à mettre une légère tension dans le gréement. Observez à nouveau le mât. Souvent, des défauts invisibles au port deviennent évidents avec une tension minimale. Une légère courbure au niveau des barres de flèche est un problème courant, qui se règle en ajustant finement les haubans qui y sont attachés.

La symétrie de la tension est tout aussi importante que la rectitude visuelle. Des tensiomètres peuvent être utilisés pour s’assurer que les haubans bâbord et tribord d’un même étage (galhaubans, inters, bas-haubans) ont une tension identique. Un déséquilibre de tension entraînera inévitablement une flexion asymétrique du mât sous charge. La recherche de la performance passe par cette quête de la symétrie parfaite, qui garantit que votre « moteur » délivre la même puissance, quel que soit le bord.

Votre plan d’action pour un mât parfaitement droit

  1. Centrage en tête : Au port, utilisez la drisse de GV et un décamètre pour mesurer la distance entre la tête de mât et les cadènes de galhaubans bâbord et tribord. Ajustez les galhaubans jusqu’à obtenir une mesure rigoureusement identique.
  2. Contrôle visuel statique : Placez-vous au pied du mât et visez le long de la ralingue de grand-voile jusqu’en haut. Le mât doit être parfaitement rectiligne. Corrigez toute courbure latérale avec les bas-haubans et intermédiaires.
  3. Mise sous tension légère : Mettez le pataras sous tension modérée à la main. Le mât doit cintrer vers l’arrière de manière régulière, sans aucune déformation latérale. Si un « S » apparaît, affinez la tension des bas-haubans.
  4. Validation en navigation : Lors d’une sortie par vent modéré et sur mer plate, observez le mât au près sur chaque amure. Il doit conserver la même courbure harmonieuse. La chute de la grand-voile doit également « ouvrir » de manière similaire des deux côtés.
  5. Vérification de la quête : Assurez-vous que l’inclinaison globale du mât vers l’arrière correspond aux préconisations pour votre bateau afin de garantir un bon équilibre à la barre.

Votre mât et votre grand-voile se parlent-ils ? Le guide pour diagnostiquer et résoudre leurs conflits

Un gréement fractionné bien réglé instaure un véritable dialogue entre le mât et la grand-voile. Le mât impose une forme, et la voile réagit en adoptant un profil. Idéalement, cette conversation est fluide et harmonieuse. Mais parfois, des conflits apparaissent, se traduisant par des plis disgracieux, un mauvais écoulement de l’air et une perte de performance. Apprendre à lire ces signes sur votre grand-voile est la clé pour diagnostiquer et résoudre les problèmes de réglage de votre mât.

Le symptôme le plus courant est l’apparition de plis radiaux partant du guindant vers le centre de la voile lorsque le vent monte. Ces « plis de sur-cintre » indiquent que le mât est trop courbé pour la forme de la grand-voile. La voile n’a pas été coupée pour accepter une telle flexion. La solution est simple : il faut réduire le cintre du mât. Pour cela, on peut soit relâcher un peu de pataras, soit, si le cintre est excessif même avec peu de tension, raidir les bas-haubans pour mieux soutenir la partie centrale du mât et l’empêcher de trop avancer.

À l’inverse, si vous observez des plis horizontaux le long de la bôme par petit temps, cela peut indiquer un manque de creux. Votre grand-voile est trop plate. Dans ce cas, il faut encourager le mât à se cintrer un peu plus, ou simplement relâcher l’étarquage de la bordure et de la drisse. L’important est de comprendre que la forme de la voile n’est pas figée ; elle est le résultat de la tension de ses trois « côtés » (drisse, bordure) et de la forme de son support, le mât.

Un autre conflit fréquent est une chute de grand-voile qui « ferme » excessivement, même dans la brise. L’air ne peut pas s’échapper correctement, ce qui crée de la traînée, fait gîter le bateau et le rend ardent. Ce phénomène peut être dû à un manque de twist. En tendant le pataras, non seulement vous cintrez le mât, mais vous favorisez aussi une légère torsion de la tête de mât, qui aide la chute à s’ouvrir. Si cela ne suffit pas, un léger choc dans le chariot d’écoute de grand-voile peut aider. Écouter sa grand-voile, c’est ajuster le mât jusqu’à ce que les plis disparaissent et que le profil soit lisse et efficace.

À retenir

  • Le gréement fractionné n’est pas juste une configuration, c’est un système dynamique où le mât flexible est l’outil principal pour régler la grand-voile.
  • Le pataras est la commande essentielle : le tendre aplatit la grand-voile et raidit l’étai, vous donnant un contrôle direct sur la puissance et le cap.
  • Un réglage de base rigoureux au port (mât centré et droit) est le prérequis indispensable à toute performance dynamique en mer.

Le moteur de votre voilier : comment harmoniser le gréement et la voilure pour libérer toute sa puissance

Au terme de ce parcours, il est clair que le gréement fractionné est bien plus qu’une simple structure. C’est le véritable moteur dynamique de votre voilier. Le considérer comme un ensemble de réglages statiques à effectuer une fois pour toutes au port est l’erreur la plus commune. La véritable performance se débloque lorsque le navigateur endosse son rôle de « motoriste », ajustant en permanence la machine pour répondre aux variations du vent et de l’état de la mer.

L’harmonie est le maître-mot. L’objectif final est de créer une synergie parfaite entre la forme du mât, le profil de la grand-voile et la tension de l’étai. Au près dans la brise, un pataras tendu va cintrer le mât, aplatir la grand-voile pour réduire la gîte, et raidir l’étai pour une meilleure remontée au vent. Aux allures portantes, relâcher le pataras permettra au mât de se redresser, redonnant du creux et de la puissance à la grand-voile, tout en acceptant un étai plus souple, moins pénalisant hors du près serré.

Cette approche dynamique transforme la navigation. Au lieu de subir les éléments, vous interagissez avec eux. Le bateau devient plus doux à la barre, plus rapide et plus confortable. L’art du réglage consiste à trouver le juste équilibre pour chaque condition, une quête sans fin qui fait tout le sel de la navigation à voile. C’est en expérimentant, en observant les réactions de votre bateau et en comprenant la logique de ce moteur flexible que vous libérerez progressivement tout son potentiel.

Maintenant que vous comprenez la théorie, l’étape suivante est la pratique. Chaque sortie en mer est une opportunité d’expérimenter et d’affiner vos réglages pour trouver la configuration optimale qui transformera le comportement de votre voilier.

Rédigé par Armel Lefebvre, Armel Lefebvre est un architecte naval spécialisé dans l'optimisation des carènes et des appendices, fort de 15 ans de collaboration avec des chantiers de renom. Son expertise couvre les matériaux composites et l'hydrodynamisme des voiliers de performance.